Hello !
J’espère que vous allez bien. Je vous retrouve sur le blog avec un article qui m’a beaucoup été demandé et qui englobera plusieurs sujets : ma blessure après le marathon de New-York (novembre 2018), les mois d’arrêt de la course à pied, la reprise, et le semi-marathon de Prague (avril 2019).
Il s’agit d’un article plutôt orienté témoignage, avec un retour d’expérience. Ce qui a marché (ou pas) sur moi n’est pas forcement ce que je conseille de faire, et ne fonctionnera peut-être pas sur vous. Voyez vraiment cet article comme un compte-rendu de cette période. J’en profiterai également pour répondre aux nombreuses questions qui m’ont été posées sur le sujet. Bonne lecture.
4 novembre 2018 : la blessure au marathon de New-York
Si vous me suivez depuis aout 2018, vous savez que j’ai préparé et couru le marathon de New-York début novembre 2018. Après onze semaines de préparation rigoureuse (entre 60 et 80 kilomètres par semaine), que je raconte ici, ici, et ici, je prends enfin le départ de ce marathon tant attendu. Je vous raconte la course ici. Pour résumer, tout allait très bien jusqu’au 30ème kilomètre, puis j’ai eu de grosses douleurs aux deux genoux. J’ai tout de suite reconnu le syndrome de l’essuie-glace (TFL), que j’avais déjà eu en novembre 2016 et janvier 2018.
J’ai décidé de terminer ce marathon, parce que New-York quand même…, malgré des douleurs difficilement supportables. J’étais obligé d’alterner course et marche tous les 400 mètres tellement mes genoux me faisaient souffrir. 12 kilomètres qui ont donc été très longs. Je termine quand même en 3h52 (versus 3h30 en objectif), heureuse et fière d’avoir été jusqu’au bout.
Le lendemain, ma jambe droite allait beaucoup mieux, mais je ne pouvais plus plier le genou gauche. Il m’aura fallu quatre jours pour pouvoir à nouveau plier la jambe sans douleur. Pas de regret néanmoins, ce marathon valait le coup de prendre le risque de me blesser.
Novembre – décembre 2018 : arrêt de la course et tentative de guérison
Retour à Paris. Je prends quinze jours de repos règlementaires (on conseille généralement dix jours à trois semaines), de toute façon, je ne peux pas courir, et je n’en ai pas envie. J’en profite pour dormir, voir mes amis, ne rien faire. Cela me fait un bien fou après une longue prépa.
Après quinze jours, je rechausse mes baskets pour un petit run « test ». Je suis stoppée par la douleur au bout de quinze minutes. Je relativise, j’ai bien dû m’abimer le genou en forçant dessus pendant 12 kilomètres. Je prends rendez-vous chez mon kiné, pour faire un bilan et un protocole de soin.
On commence alors un protocole de deux séances par semaine, avec un mélange d’exercices spécifiques et de massages. Ma blessure vient surtout de problèmes de pronation, d’alignement et de fessiers trop faibles par rapport à mes quadriceps, ce qui provoquent donc des tensions dans le genou. J’avais déjà souffert de TFL en novembre 2016 et janvier 2018, et j’avais réglé le problème en me faisant faire des semelles orthopédiques (en 2016) et en les renouvelant (en 2018). Les séances passent, on me dit que je peux recourir. Parfois j’arrive à courir entre quinze et quarante minutes, mais je suis toujours stoppée par une gêne, voir une douleur au genou. C’est très frustrant, car je ne vois pas le bout, et les kinés ne trouvent pas non plus de solution.
À côté, j’essaie de faire un peu d’autres sports, pour continuer à bouger : un peu de renfo, un peu de vélo, du yoga. Mais j’ai du mal, car sans la course à pied, le cœur n’y est pas. Je n’ai pas trop le moral, car je vois les semaines qui défilent et tout le niveau que j’avais acquis avec ces semaines de prépa s’envoler petit à petit. On dit qu’en course à pied, après dix jours d’arrêt, on commence déjà à régresser. Sport ingrat.
C’est surtout très décourageant, car il y a des jours où je peux courir quarante minutes, et d’autres où j’ai mal dès les premières vingt minutes. Un peu d’espoir, puis à nouveau la déception. Après encore quelques jours de repos, je profite des vacances de Noël et d’un séjour en Bretagne pour aller courir au bord de l’eau. Je suis à nouveau stoppée au bout de vingt-cinq minutes, c’est la fois de trop.

Janvier – février 2019 : la mésothérapie
J’appelle alors Vincent (mon amoureux et coach) en pleurs. Il me dit qu’on va trouver une solution, et me parle de la mésothérapie, un traitement que lui a conseillé un de nos amis. Je n’ai pas tout compris, mais en gros, il s’agit de piqures d’anti-inflammatoire directement dans le genou, pour résorber rapidement et localement l’inflammation des tendons touchés. Une anesthésie locale finalement. Assez réticente au début, car je n’aime pas l’idée de « tricher » dans la guérison, je change d’avis assez vite : j’en ai tellement marre de ne plus courir que je me dis que je n’ai rien à perdre.
Début janvier, je rencontre un super médecin, qui me dit que connaissant l’historique de ma blessure, il faudra au moins quatre ou cinq séances, chacune espacée d’une semaine. Et pendant les trois premières semaines, je ne dois faire aucun sport qui sollicite mon genou. Deal. Il pique. Ça fait mal, mais c’est rapide.
Durant les trois premières semaines, j’essaie de faire d’autres sports pour rester active. Du Pilate, du Burning Barre, et du yoga. Autant le yoga oui, autant le reste j’ai du mal à accrocher : ça brule mais je m’ennuie. Alors je laisse très vite tomber et attend de pouvoir courir à nouveau.
Au bout de la quatrième semaine il y a du mieux, j’ai le droit de courir et de reprendre le sport. Je pars en week-end trail avec Polar, et je suis le groupe pour une trentaine de kilomètres sur le total du séjour. Évidemment, je me refais un peu mal, mais au genou droit cette fois-ci. Oui, c’était stupide, mais bon… On pique alors à droite et à gauche à la séance suivante. J’essaie de courir un peu, j’ai le droit, mais j’ai toujours mal au bout de vingt, trente minutes.
Arrive alors le semi-marathon de Barcelone, pour lequel j’ai un dossard. Je tente de prendre le départ, mais la douleur se déclenche à partir du 8ème kilomètre. Raisonnable, j’abandonne la course et rejoins mes amis à l’arrivée. Je suis ni triste, ni énervée, je crois que je suis devenue passive face à tant de désillusions. Ce sera pour la prochaine fois.
Mi-février : la reprise
J’appelle le médecin une fois rentrée à Paris. Pour lui, il faut juste que mon corps réapprenne à bouger. Je décide, avec accord du médecin, d’arrêter la mésothérapie et de reprendre tous les sports que j’aime pratiquer, pour réhabituer mon corps à l’effort. Je ne vais pas faire de la mésothérapie toute ma vie. La course attendra encore une petite semaine. J’enchaine alors des séances de indoor cycling chez Dynamo, et du circuit-training chez Cluster. Ça me redonne le moral, et j’adore. En fin de semaine, je tente un petit run de 8,5 kilomètres, et ça passe, sans aucune douleur. Je suis tellement contente.
La semaine qui suit, je cours trois fois, entre 8 et 10 kilomètres, et ça passe à chaque fois. Je tente même 12 kilomètres le samedi suivant, à un bon rythme, et encore une fois, RAS. Je suis vraiment super contente, et commence à voir le bout du tunnel.
Les semaines qui suivent, c’est pareil. Vincent me fait un programme de reprise, à base de trois ou quatre séances par semaine, que je me fais un plaisir de suivre à la lettre. Un mélange de footing, de séances de fartlek, et de fractionné. Je recommence à m’entrainer sur la piste avec les copains. C’est super dur, car je repars de vraiment loin, et j’ai perdu tout le niveau que j’avais pu acquérir pendant ma prépa marathon. Mes temps sont loin de ce que j’avais l’habitude de faire, et les copines dont j’avais à peu près le même niveau sont largement devant moi. Niveau égo et moral, c’est dur de repartir de zéro, mais j’ai la motivation et la détermination de revenir : c’est le jeu, et je m’accroche. En plus de mes séances de course, je garde une séance de cycling et une séance de circuit-training, pour varier l’effort et muscler mon corps, un peu laissé à l’abandon depuis mi-novembre. Je garde aussi une ou deux séances de yoga pour bien m’étirer.
Début mars, je prends la décision de ne pas courir le semi-marathon de Paris, pour lequel j’avais un dossard, car je ne me sens pas encore prête. Je cours 12 kilomètres sans douleur, mais je n’ai pas testé plus, et je ne veux pas prendre de risque. Car je sais qu’en course officielle, j’ai du mal à abandonner, surtout si la douleur se déclare dans le dernier quart. De plus, j’aime donner le meilleur de moi-même lorsque j’accroche un dossard, et faire un temps que je qualifie pour moi de médiocre ne m’intéresse pas.
J’ai en ligne de mire le semi-marathon de Prague, et j’ai sept semaines pour réussir à le courir. Je cours entre 40 et 55 kilomètres par semaine, et petit à petit, je progresse. Le corps n’oublie jamais vraiment finalement. Je me teste sur 18 kilomètres dix jours avant pour voir si le genou tient le coup. Ça passe. Depuis le début, je n’ai aucune douleur. J’ai parfois quelques tensions dans le genou, dans ce cas, j’en parle à Vincent, et on allège un peu le programme. Je pense à bien m’étirer, en plus du yoga.

6 avril : semi-marathon de Prague
On y est, mon premier semi-marathon depuis le début de l’année, après deux abandons. Je me sens bien, je suis prête. J’ai mes sept semaines de prépa dans les jambes, j’ai retrouvé un peu de vitesse et d’endurance, et surtout, j’ai un chrono en tête. Je veux courir ce semi en moins de 1h37. Enfin, même si mon premier objectif est de terminer en moins de 1H45 pour me qualifier aux championnats de France, je sais qu’intérieurement, je vise beaucoup moins. Certains trouveront ça trop ambitieux, mais je me connais, et je sais que l’allure demandée est une allure (4’35/KM) que je maitrise depuis longtemps, puisque j’avais terminé le semi-marathon de Nantes 2016 en un poil plus que 1h37. Même si je ne me mets pas trop de pression, je sais que je serais déçue de faire plus. En effet, je vise un RP sur semi-marathon dans les mois qui viennent, et j’espère donc au moins être revenue au niveau de 1h37, pour assurer la suite. Je vois cette course comme une étape rassurante à valider avant de continuer ma prépa.
Après 2 kilomètres d’échauffement avec Vincent, puis quelques gammes dans mon sas, le départ est donné. Inscrite en sas 1h45, je n’ai pas voulu demander à changer puisque je ne veux pas partir trop vite. C’était une erreur, car je passe évidement mon temps à doubler. Mais au moins, cela me freine un peu au début.
Les premiers kilomètres défilent, c’est un bonheur. Je regarde mon allure à chaque kilomètre, pour être sûre d’être dans les temps sans être trop rapide. Il faut aussi bien se concentrer, car il y a pas mal de passages avec des pavés, et ça peut être traitre. À part ça, le parcours est super agréable, il faut beau, un peu chaud, mais ce n’est pas gênant, et je suis tellement heureuse de courir que j’ai des paillettes dans les yeux. Comme le parcours est fait de quelques aller-retours, je croise Vincent, parti devant, deux fois, et je peux l’encourager. Ça me donne le sourire ! Il y a des ravitaillements en eau un peu partout, tous les quatre kilomètres je crois, et je bois quelques gorgées à chaque fois. J’en profite aussi pour me mouiller la tête, la nuque, et les cuisses. Au 8ème kilomètre, je rattrape le groupe de 1h40, que je décide de doubler. Ils courent en 4’40/KM et j’ai l’impression d’être freinée.
Je passe le 10ème kilomètre en 45 minutes. J’attends le 12ème pour prendre mon gel, pour pouvoir boire de l’eau juste après. Je me sens toujours bien, même si je sens que mes jambes n’ont plus l’habitude de la distance à cette allure-là. Le décompte commence à partir de là : encore 9 kilomètres. Je garde le rythme, sans difficulté. Le parcours est très plat, et il y a régulièrement des spectateurs pour nous encourager, ce qui donne de l’énergie. 14, 15 : tout va bien, il reste 6 kilomètres. Je me vois déjà avec la médaille, fière de mon temps.
16… aie ! Je sens ma douleur au genou qui commence. J’essaie de penser à autre chose, mais elle ne passe pas et s’installe. P***** de TFL, une fois qu’il est là, c’est terminé. Je continue quand même. 17ème kilomètre, dernier ravito. Cette fois-ci, je m’arrête pour boire. Je prends trente secondes pour réfléchir : je fais quoi ? Je m’arrête et abandonne pour ne pas risquer de me faire mal, ou je repars et termine ? Je calcule, 4 kilomètres, c’est moins de 20 minutes, ça devrait le faire, surtout que la douleur ne m’empêche pas de courir, contrairement à New-York. Et puis abandonner, ça voudrait dire terminer les 4 kilomètres en marchant, c’est long, je sais que Vincent n’a pas son portable et qu’il serait inquiet de pas me voir arriver.
Je repars, prudente, mais décidée à terminer, et vite ! Étrangement, mon genou tient le coup : je le sens, mais la gêne est acceptable. Je l’oublie presque et me concentre sur les kilomètres restants. J’essaie même de donner un petit coup d’accélérateur pour arriver plus vite. 18, plus que 3, 19, plus que 2. Un coup d’œil à ma montre, je suis quasi dans les temps. 20, je vois Vincent sur le côté avec sa médaille qui m’encourage : « allez, t’es en forme là, il te reste 1 kilomètre, tu donnes tout ! ». Ok chef. J’allonge la foulée, effectivement, j’en ai sous le pied. Vincent est à nouveau là dans le dernier virage, et crie assez fort pour que je me lance dans un sprint final contre un Tchèque qui veut me voler la vedette sur les photos du finish ! Je passe l’arche, en 1h37’09 à ma montre. Je suis super émue d’avoir terminé, et fière aussi. Je récupère ma médaille, sur un petit nuage. Le temps officiel affiche 1h37’13 à ma montre. C’est 13 secondes de trop, mais je m’en fiche, c’est tout comme ! Objectif atteint, et pour le genou, on verra plus tard.

Et la suite ?
La suite, c’est que je n’ai pas couru la semaine qui a suivie Prague. Je suis retournée voir mon médecin, qui ne s’est pas plus alerté que ça : pour lui, les progrès en deux mois sont immenses, et c’est un faux mouvement qui a du déclencher la douleur. On fait une petite piqure, et il me dit de reprendre doucement. Depuis, j’ai pu courir plusieurs fois entre trente et quarante-cinq minutes, parfois sans douleur, parfois avec une petite gêne. En discutant avec un ami d’ami podologue, je me dis qu’il faudrait peut-être changer mes semelles qui ont plus d’un an, et surtout pas mal de kilomètres dans les pattes, dont une prépa marathon. Il me fait aussi remarquer, à juste titre, que certes, la mésothérapie, c’est bien pratique, mais c’est comme un gros pansement : cela masque la douleur, mais si on ne soigne pas la cause, celle-ci ne partira pas. J’admets alors que niveau renforcement spécifique, j’ai été mauvaise élève et je n’en ai absolument pas fait ces dernières semaines. Le rendez-vous est pris pour la semaine qui suit.
On fait le bilan, effectivement, mes semelles sont mortes. Bilan postural, bilan en course : je suis vraiment mal foutue et tordue de partout, pas étonnant que je me blesse. Il me donne rendez-vous la semaine d’après pour récupérer mes nouvelles semelles pour courir, mais également mes premières semelles de ville pour corriger ma posture. J’ai aussi des devoirs à la maison : au moins trois fois par semaine quinze à vingt minutes de gainage et de renfo des fessiers avec un élastique pour renforcer ce qui a besoin de l’être. En toute transparence, je connaissais déjà les exercices, j’avais juste la flemme de les faire, et c’est bien de ma faute si je suis toujours blessée. Donc ce rappel à l’ordre était plus que nécessaire.
En attendant mes nouvelles semelles, je ne prends pas de risque : je cours un jour sur deux entre trente-cinq et quarante-cinq minutes, et j’ajoute trente minutes d’exercices. C’est ludique et surtout, je suis motivée par l’espoir de me débarrasser vraiment de ce TFL. Je récupère donc mes nouvelles semelles cette semaine (mardi 24 avril), et il y aura ensuite un protocole d’adaptation pour laisser le temps à mon corps de se faire à ces nouveaux appuis. Je croise vraiment les doigts pour pouvoir reprendre l’entrainement et ma prépa semi-marathon d’ici quinze jours maximum. Car mon prochain semi arrive vite et j’aimerai bien ne pas perdre tout ce que je me suis donnée tant de mal à rattraper. Si tout va bien, je pourrais faire une préparation de six semaines : ce sera court, mais j’y crois, et je donnerais le maximum pour atteindre mon objectif de RP. Vous croisez les doigts avec moi ?
Vos questions
Tu n’as pas eu peur de te blesser avec la reprise intense ? Non, car j’y suis vraiment allée de façon progressive, et j’ai attendu de valider des paliers avant de passer aux suivants. C’est également pour ça que je n’ai pas voulu prendre le départ du semi-marathon de Paris, pour ne pas prendre de risque. Ma reprise peut paraître intense de l’extérieur, mais même si on perd en niveau, le corps se souvient des charges d’entrainement accumulées. La France en Courant (25 kilomètres par jour pendant sept jours), suivie de ma prépa marathon (entre 60 et 80 kilomètres par semaine) me permettent de bien encaisser aujourd’hui.
Des douleurs TFL lors de la reprise ? Non, à partir de ma reprise mi-février, je n’ai pas eu de vraie douleur, en tout cas pas jusqu’au semi de Prague. J’avais parfois une gêne, ou des « douleurs fantômes », souvent liées à l’appréhension de se faire mal à nouveau. Dans ce cas, je continuais un peu pour voir, tout en restant bien à l’écoute, et ça passait sans problème.
Quel traitement a été selon toi le plus bénéfique sur ton TFL ? Qu’est ce qui t’a le plus aidé pour guérir ? Es-tu totalement guérie aujourd’hui ? Non, je ne pense pas qu’on puisse dire que je sois vraiment guérie, puisque je me suis à nouveau fait mal sur le semi-marathon de Prague. Mais en tout cas, ce qui m’a permis de reprendre l’entrainement correctement, c’est la mésothérapie. C’est un peu de la triche, puisque ça accélère la « désinflammation » du tendon, et donc ça masque plus que ça ne guérit, mais ça fait gagner du temps. Je ne pense pas que ce soit une solution long terme, puisque finalement, le problème n’est pas traité à la source : on traite la conséquence sans traiter la cause.
De nouvelles choses mises en place pour ne plus te blesser ? L’erreur que j’ai faite a été de négliger la cause du problème, trop contente de pouvoir recourir sans douleur. Donc cette fois-ci, c’est renfo spécifique, nouvelles semelles et protocole de reprise suivis à la lettre.
Tu as fait combien de séances de kiné pour ton TFL ? Une dizaine sur la fin de l’année, mais elles ne m’ont pas vraiment aidé : mon tendon était bien trop inflammé pour que cela passe. Ou alors il m’aurait fallu quatre mois de repos complet pour réduire l’inflammation.
Comment gérer mentalement une blessure ? Comment s’est passé mentalement ton arrêt de course ? Assez mal à vrai dire. Le pire était de ne pas voir le bout du tunnel. Personne n’avait de solution, et c’était assez énervant. En tout, avant que je puisse vraiment recourir, il s’est passé quinze semaines. J’ai trouvé ça horriblement long. J’étais assez énervée et déprimée. Mais j’en ai aussi profité pour me reposer, dormir, voir mes amis. Et puis c’est comme pour tout : moins on en fait, moins on a envie d’en faire. Alors j’ai attendu que ça passe, en me plaignant souvent auprès de Vincent, qui a su être à l’écoute et assez optimiste pour nous deux.
TFL des deux genoux ? En fonction des années, j’alterne les deux oui. Mais cette fois-ci, c’est surtout à gauche.
Est-ce que des étirements avant la course peuvent être un plus sur le TFL ? Je ne suis pas une pro, donc je ne voudrais pas dire de bêtise. Des gammes et quelques étirements dynamiques ne peuvent pas faire de mal avant un fractionné ou une course, mais je ne sais pas si c’est un plus pour le TFL.
Si tu devais donner un conseil pour guérir ? Faire appel à des professionnels, trouver la cause de la douleur et prendre le temps de vraiment la soigner, même si cela nécessite plusieurs semaines ou mois d’arrêt. Plus facile à dire qu’à faire, mais on a toute notre vie pour faire du sport et il faut mieux en prendre soin aujourd’hui même si cela prend du temps plutôt que ne plus pouvoir courir dans cinq ou dix ans.
Quels exercices fais-tu pour arrêter la blessure ? C’est très propre à la cause de ton TFL, qui peut varier en fonction des profils. Pour moi, c’est lié à ma posture et donc à ma foulée, qui provoque des tensions au niveau du genou. Je dois donc travailler ma foulée, et renforcer mes fessiers et ischios pour tout remettre dans l’axe. Je fais principalement ça avec un élastique, que je place autour des jambes, juste au-dessus des genoux. Je fais alors des « hips raises » : allongée sur le dos, genoux pliés, pieds au sol, je lève les fesses en gardant bien un écart entre mes genoux ; des « papillons » : allongée sur le côté, jambes pliées, pieds collés, j’écarte les jambes en levant un genou, tout en contrôlant la descente, accélérée par l’élastique, qui ajoute de la résistance ; puis je termine par le « crabe » : je marche de côté, en faisant des petits pas, toujours avec l’élastique. Je fais ça en général en fin de séance, entre trois et quatre séries de dix à vingt répétitions. Ça travaille vraiment les fesses, et ça me tire d’affaire quelque temps. Mais c’est vraiment quelque chose à voir avec ton médecin / podologue / kiné, qui saura te montrer les exercices adaptés à ta blessure.
Comment trouves-tu le semi-marathon de Prague ? Allez-vous profitez de week-end pour visiter ? J’ai vraiment beaucoup aimé le semi de Prague, que j’ai trouvé très agréable. Le parcours est très roulant, et assez joli. Attention tout de même aux nombreux passages avec des pavés et les rails du Tram qui peuvent être un peu casse-pattes. Mais à part ça, je le trouve super. Même s’il comporte des longues lignes droites un peu excentrées, on repasse plusieurs fois par le centre, ce qui permet de faire le plein d’encouragements. Il y aussi quelques épingles et relances qui permettent de ne pas s’ennuyer. Les ravitaillements en eau m’ont paru assez nombreux, au moins cinq dans mes souvenirs. Par contre, pas de ravitaillement solide, comme sur beaucoup de courses à l’étranger, donc il faut penser à prévoir ses gels ou ce que vous avez l’habitude de manger pendant une course. Les sas de départ sont aussi très bien organisés, avec des meneurs d’allure. Donc vraiment, je le conseille. Son gros plus, c’est que la course est le samedi matin : on peut donc complètement profiter du reste du week-end. Et oui, on a pas mal visité Prague, en nous baladant dans plusieurs quartiers. Nous avons par contre sauté la case musées et autres intérieurs de monuments car il y avait beaucoup de monde, cela en était oppressant.
As-tu des conseils pour gérer une prépa 10KM avec un TFL ? Je n’ai pas vraiment de conseil, et je me répète : les meilleurs conseils viendront d’un professionnel. Je te conseille donc d’aller voir un médecin / podologue / kiné et voir avec lui quelles sont les solutions. De plus, il faut savoir qu’un TFL ne fait qu’empirer si on ne le soigne pas. Plus tu vas courir, plus le temps de tolérance va diminuer, et plus tu inflammes le tendon, ce qui signifie qu’il te faudra plus de temps pour en sortir. Il faut vraiment mieux stopper l’inflammation le plus tôt possible et faire le nécessaire pour en sortir rapidement.
Comment juges-tu ta performance au semi-marathon de Prague ? Je suis très contente. C’est le temps que j’avais en tête, et quand je sais que 8 semaines avant je ne pouvais pas dépasser les 8 kilomètres sans douleur, c’est une belle victoire. J’aurais pu espérer un peu plus et le tenter, mais je trouve que 1h37, c’est un juste milieu à ce stade-là. Je n’ai d’ailleurs absolument pas souffert ou été dans le rouge pendant la course, j’étais même à l’aise. Je n’avais pas prévu de me mettre dans le rouge, ce n’était pas le but cette fois-ci, et j’ai encore le temps de revenir encore plus forte.
Qu’est-ce qui t’a décidé à courir le semi-marathon de Prague ? On avait déjà repéré ce semi-marathon avec Vincent, car la période correspondait bien à notre calendrier de courses 2019. On avait également vu qu’il était roulant, et que la course était le samedi matin. Quand un de nos amis nous a proposé deux dossards offerts, on a tout de suite accepté, et pris nos billets d’avion !
En période de réduction de sport, remarques-tu un relâchement aussi sur l’alimentation ? Je ne sais pas si je parle de réduction de sport et de relâchement. Mais effectivement, hors période de préparation de course, je vais faire moins attention car j’ai moins besoin d’être en forme ou performante en entrainement. J’ai aussi moins besoin de sommeil car je fais moins de sport, je vais donc plus sortir. Après, je ne mange pas forcément plus, car comme je fais moins de sport, j’ai moins faim. Tout se fait très naturellement finalement, et tout est très lié à mes préparations de course. Lorsque je suis en préparation de course, je sors moins pour mieux dormir et mieux récupérer, je diminue l’alcool, et je mange plus souvent chez moi donc de façon plus équilibrée.
Est-ce que si je cours plus de 40KM par semaine, je risque de me blesser ? Je ne suis pas coach ni médecin, et je ne peux pas répondre à ta question sans connaître ton niveau et ton historique d’entrainement. Avec une bonne hygiène de vie, une bonne récupération et une augmentation progressive, je pense que ça devrait aller. Si c’est fait n’importe comment, alors oui, il y a toujours un risque.
Comment retrouver son niveau d’avant blessure ? Patience, persévérance et discipline. On dit qu’il faut autant de temps d’entrainement que la période d’arrêt pour revenir à niveau. J’ai arrêté de m’entrainer pendant quinze semaines, je sais qu’il me faut au moins quinze semaines pour revenir. Il faut ranger son égo, et accepter de repartir de zéro, avaler les séances même si c’est dur, et être patient. Courage, on passe tous par là.

Et voilà, c’est (enfin) la fin de cet article qui couvre cette longue période d’arrêt. J’espère vraiment que tout cela est derrière moi, et que je vais enfin pouvoir me projeter dans ma saison. J’ai pour objectif de faire tomber trois RP avant la fin de l’année (10KM, semi-marathon et marathon), et j’aimerais bien pouvoir m’entrainer tranquillement. D’ailleurs, pour vous remercier d’avoir lu l’article jusqu’au bout, je vous donne mon prochain semi : je cours La Pegasus, le semi-marathon des Courants de la Liberté, à Caen le 16 juin. Et j’ai un bel objectif en tête : enfin réussir à battre mon dernier chrono officiel sur la distance, qui remonte à novembre 2017. Il s’agirait de s’y mettre !
Pour conclure, je dirais juste que les périodes de blessure font partie de la vie des sportifs. Il y en a des plus ou moins graves, des plus ou moins longues. Peu importe la durée, cela semble toujours interminable. Mais c’est finalement ce qui nous permet d’en apprendre beaucoup sur nous, sur notre rapport au sport, et tout ce qui gravite autour. C’est aussi l’occasion de faire une pause, de prendre du temps pour soi, pour faire tout ce qu’on ne fait plus lors de nos périodes de préparation, souvent dictées par nos plannings d’entrainement. Et il ne faut pas oublier que l’on ne change pas de corps : on l’a pour toute notre vie. Alors il faut mieux en prendre soin maintenant, et prendre le temps de se soigner, pour revenir en pleine forme, plutôt que de vouloir tout faire trop vite, et devoir arrêter la course dans quelques années. On a toute notre vie pour courir et faire des super chronos, alors ce n’est pas quelques mois d’arrêt qui changeront la donne. C’est frustrant oui, mais ces périodes nous font grandir, et peut-être même revenir plus fortes et plus forts.
J’espère que cet article vous a plu, et qu’il répond à toutes les questions que j’ai pu recevoir depuis novembre. J’ai mis du temps à l’écrire, car je naviguais un peu à l’aveugle et je ne voulais surtout pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Si vous avez d’autres questions sur le sujet, n’hésitez pas à les poser en commentaire. Vous avez aussi le droit de mettre un petit mot, juste pour le plaisir, car moi, ça me fait toujours plaisir de les lire J.
On se retrouve sur Instagram et sur Strava.
À très vite,
Mathilde.
Comments
Whaou !! Ça fait quand même un sacré parcours =) je veux dire ça ressemble au montagne russe ! Et bien je te souhaite de pouvoir suivre ton traitement bien tranquillement pour être guérie à la fin !
Author
Hello Elodie, merci beaucoup pour ton message. Oui, on peut dire ça haha ! merci 🙂
Salut Mathilde,
Merci beaucoup pour la publication de cet article très justement rédigé.
J’apprécie particulièrement le fait qu’il s’agit d’un Compte Rendu de ta période de blessure et non une liste de « conseils » : la blessure c’est vraiment du cas par cas.
Je me permet donc de te faire part de mon cas de période de blessure, en espérant que cela te fasses également échos…
Blessée depuis maintenant 6 semaines ( fracture de fatigue aux méthatarses ( pied gauche et pied droit) déclenchée PENDANT les France de cross en mars), j’ai essayé d’analyser les impacts que cela avait eu sur mon mental pour mettre en évidences 3 phases :
Phase 1 : la » déprime » + « la culpabilité »
Pendant les deux premières semaines, j’avais énormément de mal à vivre le fait que :
– je ne pourrais plus atteindre les objectifs que je m’étais fixée avant l’été
– j’allais obligatoirement régresser ( alors que je me sentais vraiment au top de ma forme..)
– j’allais moins voir mes camarades d’entrainement avec qui je passais beaucoup de temps ( et ils allaient s’amuser et performer sans moi..)
– j’allais devoir utiliser des béquilles pour marcher ( chose que je redoutais plus que tout.. )
Par ailleurs, j’étais également en colère contre moi même. Je me disais » j’aurais jamais du rajouter cette sortie longue dans mon plan..j’aurais du faire davantage de renfo.. j’aurais du dormir davantage..mieux manger.. »
Phase 2 : l’acceptation + fin de la culpabilité
Les deux semaines suivantes, je me suis dit que j’étais, au final un peu égocentrique et qu’il y a bien pire dans la vie : à l’échelle d’une vie, c’est quoi, 2 ou 3 mois d’arrêt ? STRICTEMENT RIEN. De plus, je ne suis pas athlète pro ( juste une passionnée) et je n’ai aucunes raisons d’emmerder tout le monde avec ma frustration ^^. Dès ce moment là, étonnamment, j’ai eu de moins en moins mal et j’ai pu commencer à aller à la salle de sport, en plus des séances de Kiné ( très light car il faut attendre que l’os se reconsolide avant de pouvoir faire une vraie rééducation).
J’ai aussi arrêté de me faire des scénarios commençant par » j’aurais due faire ci, cela… ». La blessure est arrivée point barre. Je ne suis pas 100% responsable, au contraire.
Phase 3 : la préparation du retour à la CAP:
A partir de la 3ème semaine ( et jusqu’à aujourd’hui), en collaboration avec mon kiné, je me suis crée un petit programme muscu/cardio qu’il m’est possible d’effectuer à la salle, en attendant de pouvoir recourir. Résultat, j’ai énormément gagné en musculature et je limite la casse niveau cardio. Puis vendredi dernier, le miracle est arrivé : j’ai pu courir 3 minutes à 8km/h sur un tapis!!. J’étais super contente.
Pour autant, je ne pense pas pouvoir refaire un vrai footing avant début mai. Même si, comme tu dis, il faut tout reprendre à 0, je me sens déjà plus souple et plus solide qu’avant ma blessure.
Lire ton article m’a fait vraiment du bien. Certes, c’est désagréable d’être freinée dans son élan, mais tu as parfaitement pu rebondir. ça me donne beaucoup d’espoir =).
Bon courage pour tes prochaines courses. Je te souhaite plein RP .
Author
Hello 🙂 Un grand merci pour ton long commentaire très vrai. On passe vraiment par ces 3 phases… Et j’imagine que pour toi c’est encore plus dur, car tu ne t’es pas loupée… ça n’a pas du être facile d’accepter. Je te souhaite plein de belles choses pour ta reprise et tes prochains runs. Je penserai à toi début mai 🙂
Article très bien écrit, tout y est très bien décrit ! Bravo pour ton parcours semé d’embuches. Suis admirative de ta vitesse et de tes perfs ! Je sais que je ne serai jamais une flèche personnellement mais cela n’empêche que tu restes une source agréable d’inspiration et de motivation. J’ai eu la chance de partager la piste avec toi lors de ta reprise, ce fut une très bonne expérience pour moi que de découvrir le fractionné avec une super team et un vrai coach ! Je t’en remercie une nouvelle fois.
Merci d’avoir partagé ton expérience avec nous, cela n’a pas du être facile de subir tant de questions et d’interrogations et de subir aussi les personnes se permettant d’être très intrusif dans ta pratique !
Bon courage pour la suite qui a l’air de s’annoncer de la meilleure des manières !
Très bonne journée,
Justine
Author
Hello Justine.
Merci beaucoup pour ton petit mot ! Haha, oui, mon retour sur la piste avec vous…
Ton message me fait très plaisir. Et il ne faut jamais dire jamais, chacun avance à son rythme ! Contente d’avoir pu te faire découvrir le fractionné 😉
à très vite 🙂
Mathilde
Je suis contente d’avoir lu ton article, il rassure et fait relativiser, comme quoi ça arrive vraiment à tout le monde ! Merci en tout cas pour ton article et surtout ton honnêteté !
Je te souhaite bon courage pour killer tes trois RP cette année ! 🙂
Author
Hello Ingrid. Merci beaucoup pour ton message ! Et oui, personne n’est à l’abri d’une blessure : cela fait parti de la vie des sportifs 🙂
Bonsoir Mathilde.
Très bon article sur un sujet que tout sportif connaît ‘les blessures’. Tu as une vision très juste que se sont les professionnels de santé qui ont les clés de la guérison. J’en sais quelque chose, j’ai du arrêté 6 mois de courir pour soigner le même tendon que toi. Il faut prendre son mal en patience et ne pas bruler les étapes, c’est pas facile quand on adore courir. Je le fais depuis 45 ans. Je te souhaite de belles courses et une bonne préparation.
Thierry
Author
Hello Thierry,
Merci pour ton commentaire ! Quelle expérience .. Oui le plus dur est d’être assez patiente pour ne pas bruler les étapes…
Bonne continuation 🙂
Mathilde