Et moi, est ce que je suis une « fitgirl » ?
Devenue plus ou moins accro aux réseaux sociaux et au mouvement #fitgirl et #healthy, c’est une question que l’on peut être amené à se poser régulièrement, en se regardant dans le miroir, tout en se comparant à notre feed Instagram. Des corps de rêves en tenue de sport, des assiettes colorées pleines de bonnes choses, des phrases de motivations, aujourd’hui, impossible d’y échapper, le mouvement est partout. Difficile de ne pas se laisser tenter, et de ne pas prendre part à la mode. Après tout, pourquoi pas nous ?
Si en apparence, ce mouvement à rendu notre vie plus active, plus saine, est-il vraiment bon pour notre santé mentale ? C’est une question que je me pose régulièrement depuis le début de mon parcours « fitness ». Est ce que je suis plus heureuse aujourd’hui que quand tout cet univers m’était inconnu ? Quand ne pas faire de sport ne me dérangeait pas, quand je me trouvais très bien maillot même si je n’avais ni fesses, ni abdos, et quand mon petit déjeuner se constituait de tartines de beurre trempées dans un bol de Nesquick. Si aujourd’hui, en octobre 2015, je peux dire que je suis au moins aussi heureuse qu’à cette époque, c’est parce que j’ai fait mon petit bonhomme de chemin, et parce que rentrer dans cet univers m’a permis de savoir ce que je voulais faire de ma vie. Et non pas grâce à ma légère transformation physique.
Mais avec du recul, ça n’a pas toujours été le cas. Avant de découvrir le monde du fitness via Instagram, je n’avais aucun complexe, et je me trouvais très bien. 1m64 pour 52kg, taille 36, j’étais bien dans mes baskets. Mais tomber sur toutes ces images de fitgirl, pas des mannequins, des filles comme vous et moi, qui en quelques mois ont totalement transformé leur corps, ça fait réfléchir. On se dit, « pourquoi pas moi ? Je n’ai jamais contrôlé mon alimentation, ni penser à faire de sport. Il serait peut-être temps de s’y mettre ? » Et c’est là que tout commence.
On s’inscrit en salle, on télécharge un programme sportif pour 3 mois, on se documente sur la façon de manger healthy. Objectif : abdos apparents, fesses galbées, jambes tonifiées. On veut être une fitgirl. Moi qui n’avait jamais complexé, je me suis comparée pendant des mois à d’autres filles sur les réseaux sociaux : « pourquoi ça marche sur elle et pas sur moi ? ». Addict du selfie abdos dans le miroir, je traque le moindre progrès, changement. Qui, forcement, n’arrive pas du jour au lendemain.
C’est pareil dans l’assiette : trop de glucides, pas assez de protéines ? Et les lipides, il faut en manger combien. Tout devient compliqué. Est ce que je mange trop, ou pas assez ? Comment optimiser ses chances de devenir une fitgirl, rapidement ? Augmenter les séances de sport, passer de 3 à 6 sur la semaine. J’ai même pendant un moment, abandonner le running pour de la marche rapide parce que ça fait perdre plus de graisse. Marcher 40 minutes sur un tapis au lieu d’aller courir en plein air.. drôle d’idée quand on y pense.
Du coup, notre vie, notre emploi du temps tourne autours de cette nouvelle addiction. Qui peut se vanter de n’avoir jamais refuser un restaurant ou une soirée, sous prétexte que, 1) ça nous fait rater une séance et 2) je risque de ne pas manger « propre », et j’ai déjà prévu mon cheat meal en fin de semaine. Alors oui, quand on a des objectifs, qu’on fait de la compétition, je comprends totalement et je respecte et j’admire cette détermination.
Mais ce n’est pas le cas de 85% d’entre nous. J’ai été comme ça pendant une dizaine de mois, et même si les changements physiques nous font très plaisir, je ne pense pas avoir été très saine d’esprit pendant cette période. J’ai été dans le too much. Faire du fitness pour rentrer dans un moule. J’ai voulu être mince, puis j’ai voulu être musclée. Et entre nous, en regardant mes photos d’il y a un an, je me préfère en plus mince. Mais ce qui est fait est fait, et aujourd’hui je veux être heureuse.
Je ne veux plus culpabiliser parce que je rate une séance pour n’importe quelle raison – la fatigue, un imprévu, une sortie entre amis. Je ne veux pas non plus culpabiliser parce que je mange de temps en temps du Nutella rempli d’huile de palme, sur un toast pas complet industriel, accompagné d’un coca. Et oui, ça m’arrive encore d’aller au Mc Do. Même si je sais que ce n’est pas bon.
Si j’écris cet article aujourd’hui, c’est parce que je peux maintenant vous dire en toute honnêteté que je fais du sport pour moi, parce que j’aime ce que je fais, et non pour l’image que ça peut donner, ou les résultats physiques que je vais en tirer. J’ai décidé aujourd’hui d’arrêter la musculation car au fond de moi, je ne veux pas être ressembler à toutes ces magnifiques fitgirls. Et puis me tuer sur un legday ne me procure plus le même plaisir qu’avant.
Le fait de refaire des entrainements cardio/renforcement musculaire (type crossfit ou NTC) m’a rappelé ce que j’aimais. Donc les résultats ne seront pas les mêmes, mais ce n’est plus mon problème. De toutes façons, je n’ai plus de miroir digne de faire des selfie abdos dans ma chambre, ce qui clôt le sujet haha. Et j’ai surtout envie de me concentrer sur des sports qui me feront progresser en course à pieds. Car j’aime vraiment courir, et je veux pouvoir courir plus loin et plus vite. C’est ça qui me rend heureuse.
Aujourd’hui, ce monde fait partie de moi, et je ne pourrais plus vivre sans. J’ai beaucoup appris sur moi, j’ai changé, et j’ai grandi. Je ne vais pas dire ce qu’on lit partout « le fitness a changé ma vie, je me sens plus forte aujourd’hui ». Non. Mais c’est vrai que le sport et les choix personnels et professionnels que j’ai fait les 17 derniers mois ont m’ont probablement aidé à savoir ce que je voulais faire dans la vie. Et pour moi, c’est ça qui compte.
Pour conclure cet article un peu « lettre à coeur ouvert » (haha), je vous dirais de faire ce qui vous rend heureus(e). Trouver le sport qui vous plait, qui vous apporte de la satisfaction, qui vous permet de dépasser vos limites. Faites-le pour le plaisir du sport. Et non pas parce que c’est le sport à la mode. Une fois qu’on trouve son équilibre, le reste suit 😉
J’espère que ce type de billet vous a plu, c’était important pour moi de partager mon point de vue sur ce mouvement. N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.
A très vite,
Mathilde.
Comments
C’est un super joli article, bien écrit et réaliste. C’est un peu ce que je ressens.
Waou. Super article. Je commence à penser comme ça un peu maintenant mais c’est dur, je n’ai pas encore les abdos que je voudrais etc, mais je ne sais même plus si c’est réellement mon objectif. Je veux juste être heureuse sans me prendre la tête, comme tu le décris si bien. 🙂
Jé découvre ton article (et ton blog par la même occasion… Je me rends compte que je te suis sur Instagram, mais que je n’avais jamais eue la curiosité de venir te ire ici ! C’est chose faite ! :-D) et je dois avouer que je trouve ton recul et ton analyse super intéressants. Je suis contente et rassurée que certaines semblent mesurer cet effet de mode qui semble s’abattre sur notre génération. Je suis contente que ce phénomène soit vu avec prudence et raison. Bravo donc pour ta maturité, et bienvenue dans le monde des gens qui font du sport par pur plaisir ! 🙂
À bientôt !
Zoë
J’ai vraiment adoré ton article et ta sincérité, ça fait toujours du bien d’entendre ce genre de choses et de remettre les pieds sur Terre !
Je viens de découvrir ton article et de le lire avec beaucoup de plaisir. Il était temps que je consulte enfin ton blog et pas juste ton compte Instagram !… J’en suis donc ravie 🙂
Je dois avouer que je suis rassurée de me rendre compte que certaines « fitgirls » (comme il est de bon ton de le dire) prennent du recul et analysent leurs attitudes parfois excessive du sport. Je suis ravie de voir que cet effet de mode a son petit impact sur les mentalités de certain(e)s et qu’elles les aident à grandir et à avancer malgré tout.
Enfin, je te souhaite la bienvenue dans le monde des gens qui font du port par pur plaisir et par pure passion (et donc sans excès et sans conséquences néfastes) ! 🙂
À bientôt pour te lire,
Zoë
Bravo pour cet article « à cœur ouvert »!
Je pense que tu as le mérite d’être honnête avec ceux qui te lisent, ce qui effectivement va à contre-pied avec la « tendance » actuelle. Je suis pas de mal de blogs car j’aime compiler les infos sur le sport et la nutrition. Par contre, je laisse toujours mon esprit critique me rappeler que tout cela est « bien beau », mais qu’il ne faut pas rejeter de manière systématique la manière dont nous avons été éduqués. Le credo actuel est « vivons mieux », très bien, mais il ne faudrait pas que cela devienne un nouveau diktat imposé à la gente féminine. N’oublions pas que derrière tout ce mouvement se cachent des coups marketing et la volonté de développer un marché qui se féminise de plus en plus et représente donc une manne importante.
Le tout est de se fixer des objectifs clairs et en accord avec soi-même et non: je veux ressembler à cette fille, alors je vais acheter les mêmes produits qu’elle, manger comme elle, lire comme elle, écouter la même playlist, etc. On ne peut qu’admirer le travail réalisé par toutes les bloggeuses, qui sont généralement inspirantes et motivées par une réelle générosité, mais n’oublions pas qu’elles peuvent aussi se laisser influencer ou faire preuve d’une détermination qui peut en décourager plus d’une. Alors, quand l’une d’entre elles nous livre ses incertitudes et ses questionnements, qu’elle se pose la question de l’impact de ce type de blog, ça permet de faire se rejoindre le virtuel et le réel et de contribuer à une prise de conscience.
Merci à toi,
S.