Hello !
Me voilà de retour, une semaine après mon premier marathon, le Schneider Electric Marathon de Paris, pour vous en faire le compte-rendu. Un compte-rendu un peu compliqué à écrire pour moi, car si vous avez suivi mon marathon, vous n’êtes pas sans savoir que j’ai été très déçue de moi-même. Une semaine après, j’ai eu le temps de digérer, et je peux donc vous raconter ma course de dimanche dernier.
Le Schneider Electric Marathon de Paris, c’était ma course du premier semestre 2017. Un an et demi que je voulais la faire, et un an que je savais que j’allais courir 42,195 KM le 9 avril 2017. Je vous en avais déjà parlé ici, à J-110, et là, à J-10.
J’étais prête, mentalement et physiquement, et la veille, je postais cela sur Instagram.
Mais finalement, ça ne c’est pas vraiment passé comme prévu.
Retour sur ma semaine marathon, c’est parti… C’est un article un peu (trop) long, et pas forcément structuré et intéressant. Je mets juste des mots sur ce que j’ai vécu 🙂 Bonne lecture.
LA SEMAINE D’AVANT
J-6 : Lundi 3 avril
Je me réveille hyper stressée. Je ne vais jamais y arriver. Cette semaine est une semaine clef, dimanche, c’est le jour J, et ça m’angoisse. Il faut que je fasse attention à ce que je mange, que je dorme, que je boive beaucoup d’eau.
Mais heureusement, Adidas nous a prévu un dernier entrainement à l’INSEP. 6 fois 1000m allure marathon, en short et débardeur, avec le coucher du soleil : plutôt sympa comme dernier run… Et avec les copains en plus ! De quoi reprendre confiance, écouter les conseils de Vincent (mon coach), et me caler sur l’allure avec mon pacer de dimanche, Anthony. C’est décidé, on partira en 4’50min/KM. Une allure confortable que je peux tenir sans problème jusqu’à au moins 25KM. Ensuite on avisera.
J-5 & J-4 : mardi 4 et mercredi 5 avril
Le moral est là, j’essaie de ne pas me coucher trop tard, de dormir le matin. Pas de sport de prévu, je n’en ai pas envie, et de toutes façons, je n’ai pas le temps.
J-3 & J-2 : jeudi 6 et vendredi 7 avril
Si vous êtes un peu accro au running et/ou que vous faites le marathon, vous avez forcément entendu parlé du Salon du Running, qui a, tous les ans, lieu du jeudi au samedi avant le Marathon de Paris. Et comme avec Running Heroes (là où je suis en stage), on a un stand, j’étais présente sur le salon jeudi et vendredi, de 8h30 à 21h environ. C’était top, parfait pour se mettre dans l’ambiance marathon, rencontrer les marques, et aussi rencontrer certains d’entre vous. Top, mais un peu fatiguant, il faut l’avouer : j’avais peur d’avoir les jambes lourdes à rester toute la journée debout, à piétiner. Heureusement, j’avais des chaussettes de récup BV Sport, et je pense que ça m’a bien aidé.
J’en ai évidement profité pour retirer mon dossard, et faire imprimer mon bracelet d’allure sur le stand Asics x Runkeeper. Ça y est, le dossard en main, c’est vraiment concret ! J’ai vraiment hâte d’être dimanche.
Niveau food, on arrive à ma partie préférée de la prépa : des pâtes, des pâtes, des pâtes ! Et des glucides aussi (miam la gauffre au Nutella pour le dessert).
LA VEILLE
J-1 : Samedi 8 avril
Ce jour là, je suis off ! Pas de salon pour moi. Premier matin sans réveil depuis presque un mois, ça fait du bien. Je me lève doucement vers 10H. Ce samedi, je prends du temps pour moi. Je fais le tri dans mes affaires, je vais courir 25 minutes, je déjeune avec ma sœur et mon papa, je vais faire un peu de shopping. Je bois beaucoup beaucoup d’eau. Vers 17h, je suis chez moi, et je ne bouge plus de mon canap haha.
Mes affaires pour le lendemain sont prêtes, j’ai fait ma traditionnelle photo du « race pack ». Je suis vraiment fan du débardeur que Adidas nous a offert pour l’occasion, parfait avec la chaleur annoncée dimanche.

Menu de soir : pâtes avec sauce bolognaise maison (viande hachée, coulis de tomates, oignons) et parmesan. Je passe une bonne soirée. Je me couche vers 23h30 / minuit je crois, avec un réveil prévu à 5h.
LE MARATHON
Jour J : Dimanche 9 avril
Je ne dors pas super bien, par vagues de 1H, 1H30. Vers 4H, j’entends mes voisins rentrer de soirée. Je somnole 45 minutes, et décide de prendre mon petit déjeuner, comme de toutes façons je suis réveillée. Le même porridge que j’ai mangé toute la semaine : des flocons d’avoine, une banane écrasée, quelques framboises congelées, et un carré de chocolat noir.
5H15. C’est la teuf au dessus de chez moi, mais il faut que je me rendorme jusqu’à 7H. Je fais quelque chose que je n’aurais jamais pensé faire, je suis allée sonner chez mes voisins pour leur demander de baisser la musique. J’ai eu l’impression d’être une nana super chiante et aigrie haha, mais il fallait que je dorme. Je me recouche, et me rendors jusqu’à 7H, comme prévu.
7H00. Je m’habille, je bois de l’eau, je vais aux toilettes, prépare mon sac avec des affaires de rechange. Et je vais réveiller mon papa, qui me déposera en voiture au Adidas Store des Champs Elysées, où j’ai rendez-vous avec Anthony et les copains de Sentier.

7H45. Paris est magnifique, le soleil se lève doucement. C’est trop beau, et j’ai trop hâte ! On se retrouve, se motive, on accroche nos dossards, on fait quelques photos, et c’est déjà l’heure d’aller dans notre SAS. Je pars avec Julie et Anthony en SAS 3H30. Je vise 3H35, c’est donc mon SAS. On y retrouve Marie et Yohan, tout sourire. Les gens sont souriants, les Champs sont beaux, l’ambiance est top ! J’ai vraiment hâte de prendre le départ, à 8h20 !

Avec Julie, on se rappelle notre plan : on part en 4’50/KM et on maintien tranquillement l’allure jusqu’au premier semi. Ensuite, on avise, mais on devrait tenir jusqu’à 25/30KM. Après, on verra bien, mais on aura de l’avance sur notre chrono pour ralentir. Anthony va courir avec Julie et moi jusqu’au KM 6, puis me retrouver au 20ème pour terminer avec moi. Je dois voir mon papa au KM 18 et 32, puis ma maman et mes sœurs au KM 28 et à l’arrivée. Et surtout, la fan zone Adidas au 30ème KM. J’ai 5 gels de prévus : pour les KM 11, 21, 30, 35 et peut-être 40. J’en prends 2 avec moi, et en donne 2 à Antho. J’ai aussi une petite bouteille d’eau à la main pour pouvoir boire régulièrement. Un plan bien ficelé, tout va se passer comme sur des roulettes, je suis hyper confiante, je me sens prête et en pleine forme.
KM 0 – KM 10
8H25 : On passe l’arche de départ ! Ça y est, c’est parti pour 42,195KM dans la plus belle ville du monde. Avec Julie, on a un peu du mal à trouver notre rythme, ça bouchonne pas mal. Mais les gens sont calmes, on dirait que Paris se réveille doucement sous la foulée des milliers de coureurs. Ça va être une belle course. On slalome et double pas mal de personnes, et on arrive plus ou moins à courir en 4’50. La chaleur se fait déjà sentir, il va faire chaud. Mais ça va aller …
KM 1 : 4’47
KM 2 : 4’49
KM 3 : 4’53
KM 4 : 4’48
KM 5 : 4’48
Premier ravitaillement, Antho nous prend des bouteilles d’eau. Je bois régulièrement des petites gorgées, je ne veux surtout pas avoir soif. Je pensais que la chaussée allait un peu se dégager au fil des KM, mais ça reste bien encombré. On passe à Bastille, gros coup de boost avec la foule déjà au RDV pour nous encourager. C’est fou !
Par contre, je commence à stresser, j’ai l’impression d’être trop rapide alors que je suis à l’allure prévue, à laquelle je devrais être confortable. Je chasse vite cette idée de ma tête et continue au même rythme, toujours en slalomant sur le parcours.
Passage du 5ème KM en 24’26 minutes, j’ai 1 minute d’avance sur mon objectif de 3H35. Parfait, car je sais que je vais ralentir plus tard.
KM 6 : 4’49
KM 7 : 4’46
KM 8 : 4’58
KM 9 : 4’41
KM 10 : 4’57
Anthony nous quitte au KM7, on se donne RDV au KM20. Je continue alors avec Julie. Je regarde les gens, les supporters. Je ne réalise toujours pas que je suis en train de courir mon premier marathon. On vérifie régulièrement notre montre pour être sûres d’être à la bonne allure. On n’a plus de bouteille d’eau, ce n’est pas grave, on en prendra une au prochain ravitaillement. On passe le 10ème KM en 49 minutes (+24’39 minutes). 2 minutes d’avance, comme prévu. Tout roule.
KM 11 – KM 21
KM 11, on prend notre premier gel. Il fait plus frais à Vincennes, et la route plus large nous laisse plus de place. C’est super agréable, on prend même la pause pour le premier spot photo officiel.
Vers le KM 13, j’ai toujours cette sensation d’être trop rapide, et ça commence à m’angoisser. Je ne le sens pas, mes jambes ne répondent pas comme aux entrainements, pas comme à Marseille. Je me rappelle ce que Vincent m’a dit : « Si tu sens que c’est rapide, tu ralentis pour ne pas te cramer. Il y 42KM à tenir, et ta course commence au 32ème. » Ça me rend folle de ne pas être à l’aise à cette vitesse, mais je m’écoute, et je dis à Julie de continuer à son rythme, et que je vais passer en 5’00/KM pour ne pas prendre de risque. Le doute m’envahit : et si je n’y arrivais pas ?
KM 11 : 4’46
KM 12 : 4’58
KM 13 : 5’01
KM 14 : 4’53
KM 15 : 5’07
15 KM courus, plus d’1/3 de la course. Je passe le 15ème en 1H14’10 (+ 25’05), et j’ai toujours 2 minutes d’avance. Je n’ai pas perdu de temps, mais je n’en gagne plus.
Julie part devant. Je suis toute seule, dans le calme de Vincennes. Mon moral prend un premier coup. Je me motive en me disant que ce n’est pas grave, que je suis dans les temps, et que je vais voir mon papa au KM 18. Ça ira mieux après.
17, 18, 19, personne ! Zut, je l’ai raté… Décidément, entre ça et mes jambes qui n’avancent pas comme prévu, ce n’est pas mon jour. Prochain check point, Anthony au KM 20. Il doit se demander ce que je fais. Moralement, ça ne va pas. Ma bonne humeur et mon optimisme du début de course ont disparu, et on fait place à de l’inquiétude et de la frustration.
KM 20, Antho est là ! Je lui dis que ça ne va pas, que je ne le sens pas, que je suis nulle et que je ne vais pas y arriver. Il essaie de me rassurer, me dit que c’est pas grave, que je suis dans mes temps et que tout va bien se passer.
KM 16 : 4’58
KM 17 : 4’59
KM 18 : 5’02
KM 19 : 5’08
KM 20 : 5’08
On passe le 20ème KM en 1H39’57 (+25’47) et le semi-marathon en 1H45’46, comme prévu. J’ai 1 minute 30 d’avance sur mon objectif, et comme je ne fais que ralentir, ça s’annonce compliqué.
KM 21 – KM 30
Je suis au bord des larmes, je me dis qu’il y a encore la même distance à courir. Mes jambes sont définitivement en grève. Pourtant, je n’ai mal nul part, je n’ai pas trop chaud. Ça ne va juste pas. Antho fait de son mieux pour me remonter le moral, il motive les supporters, appelle ma maman pour lui dire que j’arrive, me dit que je ne suis pas nulle, qu’on va finir le marathon, et que ça va être bien.

Je déconnecte au 23ème KM. Je n’y crois plus, j’ai envie de marcher. Je ne comprends pas ce qu’y m’arrive. Mais Antho me motive à continuer à courir, même doucement. Je regarde mes pieds, et je passe en pilote automatique. Avancer, toujours. Je ne regarde plus ma montre, je sais que c’est foutu. Je n’ai toujours pas pris mon deuxième gel, je n’en veux pas. Anthony me force à en prendre quand même un peu, il me faut du sucre.
Je sais que les ponts arrivent. J’entends des personnes qui m’encouragent, ça me fait chaud au cœur, et me rend triste en même temps. Tout ça pour ça, pour faire un temps bien au-dessus de mes espérances. Et je sais que les tunnels des quais arrivent. Mais que ma maman et mes sœurs sont au bout, au KM 28. Une jambe après l’autre, un peu de gel, d’eau sucrée préparée par Antho, et d’eau normale.
KM 21 : 5’15
KM 22 : 5’15
KM 23 : 5’30
KM 24 : 5’50
KM 25 : 5’57
25KM, en 2H08’43 (+28’46), soit plus de 3 minutes qu’en entrainement, et 2 minutes de retard.
Les tunnels s’enchainent, Anthony me donne la main dans les montées, il me tire. Il ne faut pas que je marche. On croise des stêtes connues, j’essaie de me dire qu’il faut que je profite. Mais je n’y arrive pas, je suis coincée dans ma déception et frustration.
KM 28, mes sœurs et ma maman sont là, à la sortie du dernier tunnel, avec une pancarte. Je suis tellement heureuse de les voir, je pleure, et je leur dis que ça ne va pas. Ma maman part avec nous, pour me soutenir. Elle me réconforte, me dit qu’on s’en fout du chrono, qu’elle est fière. Je n’arrive pas à l’entendre mais je suis vraiment contente qu’elle soit là. Elle est quand même en train de courir en jean (avec une paire de running) avec moi, sous 25 degrés. Elle me dit que mon papa est au KM 31, qu’il est super triste de m’avoir loupée, mais qu’il est bien là. Je sais qu’on va voir toute la team Adidas un peu avant le 30ème KM, puis papa au 31, ça me donne un peu de courage. J’essaie de relever la tête, de me dire que ça va aller, mais j’ai les jambes tellement lourdes que ça ne va pas. J’ai honte de ma vitesse, honte du temps que je vais faire, et peu importe que ce que Anthony ou ma maman me disent (« Mathilde, t’es en train de courir un marathon, tu connais beaucoup de gens, en dehors de Adidas, du boulot et Instagram, qui courent un marathon ?!« ), je me martèle que je suis nulle, et que ça m’apprendra à avoir trop confiance.

On arrive enfin à la fan zone Adidas, et ça reste un des meilleurs moments de ma course. Une ambiance de folie, tous les copains de tous les quartiers là pour nous encourager. Je prends toutes l’énergie des supporters pour les prochains mètres. On arrive bientôt au 30ème, je réalise que depuis le 27ème KM, je suis en zone inconnue. Mais je m’en fous. Je ne veux plus de mes gels, je bois alors de l’eau sucrée, sous les ordres de Antho.
KM 26 : 6’30
KM 27 : 6’30
KM 28 : 6’15
KM 29 : 6’06
KM 30 : 6’29
KM 30 – KM 40
Je passe le fameux « mur » des 30KM en 2h40’20 (+31’37), avec 8 minutes de retard sur mon objectif. Autant vous dire que je n’espère plus grand chose. Anthony me répète que le chrono on s’en fout, que ça arrive même aux meilleurs, qu’il ne reste que 12KM, et que ça va aller, qu’on va le finir ! Et en courant !
Au KM 31, je vois mon papa, enfin ! Un rapide câlin, et c’est reparti. Ma maman va nous laisser juste avant de rentrer dans Boulogne, pour retrouver mes sœurs et me voir à l’arrivée.
Je n’ai plus trop de souvenirs à partir de là, c’est assez décousu. J’étais dans un autre monde. J’étais tellement désespérée. Heureusement que Anthony était là. Dans Boulogne, j’ai marché 3 fois 200 mètres, et repartais sous les encouragements de Anthony. Le pauvre, qui s’attendait à faire un semi en 1h50, a été génial et hyper patient.
J’ai vu plusieurs d’entres vous m’encourager, sur les côtés, ou en me doublant. J’étais tellement contente pour vous, mais tellement vexée de ne pas courir comme prévu. Je me souviens de Christophe, Emma, et Said, croisés par hasard, qui m’ont motivée sur quelques mètres.
J’ai l’impression de ne pas avancer, les KM sont de plus en plus longs..
KM 31 : 6’08
KM 32 : 6’31
KM 33 : 7’06
KM 34 : 7’47
KM 35 : 6’59
35 KM en 3H16’17 (+36 minutes). Anthony essaye de me motiver en me disant « Allez Mathilde, plus que 7, c’est la fin ! » 7 KM… Je me dis qu’il reste du coup encore au moins 50 minutes de course. J’en peux plus, je ne veux plus. Je me déteste, je déteste Vincent d’avoir pensé que je pouvais faire un temps (pas en vrai hein 🙂 ), et j’ai toujours cette honte qui ne me quitte plus depuis le KM 23. Honte d’y avoir cru, honte d’avoir annoncé un tel objectif, honte d’avoir pensé que je ne ferais pas plus de 4H.
Tant bien que mal, on continue. Je ne voulais toujours pas de mes gels, Anthony m’a alors donné des abricots (les fameux), que j’ai mangé en marchant. Lorsque j’ai réalisé que j’allais finir en plus de 4H, je me suis effondrée. Jamais je n’aurais pensé faire mon marathon en plus de 4H… Mon égo (déjà bien abimé) a encore plus dégringolé.
36, 37, 38.. Allez encore 4… Qu’on en finisse.
Vers le KM 39 je crois, on croise Fafa, qui va courir presque 1KM avec nous, et hurlant des encouragements ! Ça me fait plaisir, j’essaie de penser à autre chose, tout en regardant mes pieds.
KM 36 : 8’25
KM 37 : 6’47
KM 38 : 6’51
KM 39 : 6’18
KM 40 : 7’35
L’ARRIVÉE
On arrive au 40, il en reste 2… Ça fait 3H52’43 que je cours (+36’36). 2KM et je suis marathonienne. Mais je ne réalise toujours pas. Je ne me souviens pas vraiment des 2 derniers KM.
KM 41 : 06’47
KM 42 : 06’50
Je sais que j’ai essayé d’accélérer quand j’ai vu la ligne d’arrivée, que cette dernière ligne est magique avec tous les supporters qui tapent sur les bâches, la tapis vert, l’Arc de Triomphe. Je me dis qu’en passant sous l’arche d’arrivée, je vais enfin me sentir marathonienne. Mais rien. C’est fini, et c’est tout. En 4 heures, 7 minutes et 12 secondes. Je pleure de fatigue, de rage et de déception.
On marche, je récupère ma médaille, mon T-shirt. Mange quelques oranges, bois de l’eau. C’est fini, vraiment. Je n’arrive pas à m’en réjouir. J’appelle ma maman pour lui dire que je suis bien arrivée, puis mon papa. On se retrouve au magasin Adidas. On y marche doucement avec Antho. Lui comprend, il s’est aussi planté l’année dernière. Je ne veux parler à personne, je ne veux pas entendre « C’est super bien pour ton premier » ou « mais on s’en fout du chrono, t’es marathonienne ». Je suis déçue, il faut que je digère.
Hormis la fatigue, je vais bien, et c’est ça qui m’énerve me plus. Mes jambes sont hyper lourdes, mais je vais bien. Je n’ai pas mal, ça tire, c’est tout. Je ne comprends toujours pas ce qu’il s’est passé. Et ça me rend folle. Folle de rage, de déception. Je suis marathonienne et je m’en fous. Anthony me dit que c’est normal, qu’il faut que je digère et que ça peut mettre quelques jours.
Je récupère mes affaires chez Adidas, m’effondre de pleurs dans les bras de Vincent, Julie, et Kévin… Et retrouve mon papa, qui m’attend devant.
L’APRÈS MARATHON
J’ai fêté mon marathon au restaurant, avec ma maman, mon papa et mes sœurs, une pinte de blanche et un burger. J’ai vite retrouvé le sourire, et la colère est partie petit à petit.
Après un bon bain, j’ai retrouvé les copains de Sentier à Boulogne pour quelques bières. Plus tard et avec du recul, c’était cool d’en parler, de féliciter tous ceux qui ont finis, et tous ceux qui ont fait un super temps. Je suis hyper contente pour Marie et Julie, qui ont tout déchiré ! Des championnes.
Le lendemain, j’ai posté ça sur Instagram.
Ça résume bien ce que je pense, à J+7. Je ne regrette rien. Je ne regrette pas ma prépa, et je ne regrette pas de m’être fixée cet objectif. Ce n’était juste pas mon jour.
Mais je regrette de ne pas avoir su prendre du recul pendant la course, et de m’être gâchée les 30 derniers KM pour une histoire d’égo. Je n’ai même pas savouré passer sous l’arche de l’arrivée, et c’est ça que je regrette le plus. J’ai du mal à me dire que je l’ai fait, car cette course a comme un goût d’inachevé, j’ai l’impression de ne pas mériter ma médaille…
Mais je suis marathonienne ! Et je n’ai qu’une envie, c’est de prendre ma revanche. Sur un marathon, et sur d’autres courses, d’autres distances.
J’étais prête pour ce marathon, je le sais. Et faire cette prépa, même courte, m’a appris à en suivre une, à aller au bout des choses, à me faire confiance et me dépasser. En préparant ce marathon avec Vincent, j’ai changé ma pratique, je l’ai structuré. Et ça m’a énormément apporté. Et j’ai vraiment hâte de recommencer une nouvelle prépa, avec un objectif. Parce que oui, je cours pour le plaisir, mais j’ai besoin d’objectif pour avancer, je suis comme ça. Alors oui, parfois on se plante. Mais on se relève, on apprend, on se remet en cause et on avance.
Certains diront que je suis trop négative, mais je n’ai pas eu envie d’enjoliver la façon dont j’ai vécu mon premier marathon. Je suis aussi déçue de ne pas pouvoir écrire que c’était génial, que c’est une sensation extraordinaire, que je me sens transformée… Parce que ça n’a pas été le cas 🙂 Mais ça ne veut pas dire que je pense que c’était une expérience négative. Au contraire, je suis très heureuse de l’avoir fait.

ET LA SUITE ?
Je ne me suis pas encore inscrite à une nouvelle course, mais la prochaine sera très certainement à 10KM, au moins de juin. Puis un semi-marathon à la rentrée. Et peut-être un marathon avant la fin de l’année, qui sait…
Je terminerai cet article (vous êtes encore là ?) en vous disant un ENORME MERCI pour tout votre soutien, pour les centaines de messages & commentaires que j’ai reçu, ça m’a énormément touchée. MERCI MERCI MERCI !
Je vous dis à très vite 🙂
Mathilde
Comments
Pas facile de lire ton CR tellement on peut s’imaginer être à ta place… C’est sûre, tu es marathonienne et bravo, ce n’est pas rien ! Mais je comprends que tu es pu être déçue de ton temps, ta fin de parcours alors que tu attendais autre chose et que ça avait bien commencé.
En tout cas ne te jette pas la pierre trop longtemps, c’est fait c’est comme ça et puis eh ! tu as tenue, tu as terminé la course ! Et maintenant que tu sais ce que c’est que de courir un marathon tu ne pourras qu’être meilleure la prochaine fois et avoir ta revanche 🙂
Encore félicitations et continue de nous faire rêver. Tortue comme je suis, le lièvre que tu es me fait rêver ^^
magnifique récit et tout de meme une très jolie performance
Ton compte rendu est très touchant. Je suis émue par ton courage et ta détermination au quotidien ! Tu as eu raison d’y croire, tu n’en ressortiras que plus forte.
J’admire ton envie d’en faire toujours plus, car tu as quand même finis un MARATHON 🙂
Je ne doute pas de tes prochaines performances, je suivrais ça avec attention, j’ai hâte. J’espère un jour réaliser le 1/4 de ce que tu as fais !
Plein de courage et de force pour tes prochains objectifs 🙂 à très vite
Je ne cours que très rarement, j’ai découvert ton blog il y a à peine quelques heures, je ne te connais pas et pourtant ton compte rendu m’a énormément touchée. J’ai beaucoup aimé ta façon de le raconter, pas à pas et très honnêtement. Même si tu n’as pas atteint ton objectif, ton expérience me fait rêver : cette implication et cette persévérance me font rêver. Tu vas réussir, on finit toujours par réussir à coup d’entrainement et de bonne volonté. Je sais de quoi je parle : je ne cours pas beaucoup mais je fais du badminton, je m’entraîne jusqu’à quatre fois par semaine. Et sur chaque tournoi, je finissais perdante, voyant mes amis et mantors monter sur le podium. J’étais chaque fois dans le même sentiment ambivalent que toi, contente pour eux et hyper jalouse. Jusqu’au jour où je suis montée sur le podium : première place pour mon partenaire de double mixte et moi sur notre dernier tournoi. Voilà comment finir cette première année de badminton en club sur une bonne note.
Voilà, tu ça pour dire que tu as raison de voir les choses de cette façon avec le recul : en sport, on ne chute que pour mieux se relever, et avec l’esprit que tu as je suis persuadée que tu iras loin.
Author
Merci Julie pour ton message 🙂
Tu peux être fière de toi. un marathon ce n’est pas rien ! Quelle est ta prochaine course?
Author
Hello ! La prochaine course que je vais préparer sera surement un semi début septembre 🙂
Mathilde
Hello Mathilde !
Je vais bientôt me lancer également dans l’aventure premier marathon ! Cette course qui me fait à la fois tellement peur et tellement envie !! Je te félicite pour la très belle course que tu as faîte et j’espère pouvoir en faire autant à la fin de l’année au marathon de La Rochelle.
Au plaisir de te lire dans t’es prochains comptes rendus !
Author
Hello Agathe !
Merci pour ton commentaire 🙂
Tu vas voir, c’est une expérience folle, profites en à fond 🙂
Bon courage 🙂
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Ca fait du bien de lire ça à J-4 ! Au moment où justement j’envoie bouler les pensées négatives et je me dis « on ne vit qu’une fois sa première fois », ton article tombe à pic!! Merci de nous l’avoir raconté sans enjoliver ou dramatiser, et BRAVO
Parfait timing pour lire cet article à J-4!
Au moment où je décide d’envoyer bouler les pensées négatives et où je me dit « qu’on ne vit qu’une fois sa première fois » 🙂
Merci d’avoir raconter tout cela sans filtre, et BRAVO
Bonjour,
Merci pour le récit de ton marathon que je découvre aujourd’hui.
Tu as peut-être été déçue mais ta performance est tout à fait correcte pour un premier marathon.
Je peux te faire partager ma petite expérience. J’ai fait neuf marathons et le meilleur conseil que j’ai reçu est d’être très régulier sur ce type de course (en plus d’une préparation adaptée bien entendu).
L’idéal est de courir tous les kilomètres à la même allure. Une variation de 5 secondes au kilomètre est déjà très importante et peut être fatale et te faire manquer ton objectif.
Tu as un très bel objectif : 3h35 soit 5’05″/km. Pour réussir il ne faut pas aller en dessous de 5’00″/km et éventuellement aller un peu plus vite à partir du 32ème km si tu te sens en pleine forme.
As tu fait d’autre marathon depuis Paris 2017 ?
Antoine
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wow je tombe sur ton article qui est super inspirant. Tu peux vraiment être fière de toi! Un Marathon demande beaucoup de préparation physique et mentale et le bons équipement! J’ai une amie qui s’est gravement blessée au genou après son premier marathon, mais le problème venait de ses chaussures. Elle a réussi à s’en remettre après quelques séances de kiné. Mais elle garde toujours de très bons souvenirs de cette expérience.
— Sophie