BERLIN 2019 : ma deuxième étoile

Hello hello !


On se retrouve pour le dernier épisode de la série Berlin : le compte-rendu de la dernière semaine et surtout, le tant attendu compte-rendu de ma course.

Déjà un mois depuis ce marathon, et je n’ai pas trouvé – pas pris – le temps d’écrire cet article. Je profite de ce week-end de trois jours pour y remédier.

On s’était donc quitté sur la fin de la onzième semaine de préparation, avec une petite douleur au pied. Rendez-vous pris chez Ester ma kiné, dès le lundi soir pour vérifier que tout allait bien, et pour détendre les muscles du pied en profondeur. Le mercredi, je planifie un dernier massage Urban, toujours focus jambes. Bastien mon super masseur s’attarde aussi un peu sur le pied, histoire de relâcher les dernières tensions. Cela me rassure.

Pour cette dernière semaine, le planning est très léger. On est dans la dernière phase : celle où il faut faire du jus. C’est à dire réduire le volume d’entrainement, tout en restant un peu actif, histoire de recharger toutes ses batteries pour le marathon. Je fais mes derniers footings sans douleur. Par précaution, j’ai quand même supprimé une séance (non sans culpabilité, encore et toujours). Jeudi soir, je retourne voir Ester pour qu’elle me pose un Tape sur la jambe gauche, en prévision. La semaine passe très vite, je ne réalise pas du tout que je décolle vendredi matin pour Berlin.

Contrairement à mes autres marathons, je ne sais pas encore ce que je vais porter, je suis indécise. Je récupère d’ailleurs mon croptop floqué VMA cinq jours avant le jour J, j’hésite entre deux shorts, je n’ai pas de chaussette, et je sais que je récupère ma paire pour le marathon à Berlin. Bref, je pense qu’une partie de moi a repoussé au plus tard ces décisions, un peu comme une sorte de déni inconscient : non, la course n’est pas tout de suite, j’ai encore le temps.

Les dernières séances

Lundi : Repos forcé
Mardi : Footing 50 minutes dont 2X1KM AS42
Mercredi : Réveil musculaire, étirements et 15 minutes de renforcement
Jeudi : Footing 45 minutes
Vendredi : Repos
Samedi : Footing 30 minutes
Dimanche : D DAY !

Les dernières séances se passent bien. Celle de mardi soir est un peu compliquée, je n’arrive pas du tout à tenir l’allure, même en m’imposant un rythme élevé. J’arrive à relativiser, et me disant que ce n’est vraiment pas grave et que ça ne veut rien dire. De toutes façons, les dès sont jetés. Mercredi matin, je prends le temps de m’étirer, de faire un peu de yoga, et je complète avec une routine de renforcement musculaire pré course concoctée par Coach Mathieu. Je l’avais faite quelques jours avant Lille, et elle m’avait portée chance, alors j’ai eu envie de la refaire. Jeudi, le footing du matin se passe bien. Dernier run parisien, le lendemain, à la même heure, je serai dans l’avion pour Berlin. Côté alimentation, je ne change pas grand chose jusqu’à vendredi midi. Dans la semaine, je mange normalement, en pensant à beaucoup boire d’eau. J’essaie aussi de manger un peu plus de légumes, histoire d’avoir un transit (glam) régulier.

H-48 – Départ pour Berlin

Vendredi matin, rendez-vous à 7h à Orly avec Anaïse, qui s’occupe des relations presse et influence pour Nike : c’est elle qui m’accompagnera à Berlin. Nous avons rendez-vous à notre hôtel en début d’après-midi avec la team Nike Europe. On a la chance d’être logés au 25H Bikini Hotel, un endroit absolument canon. On est un dizaine à être invités pour courir le marathon.

Pour éviter que cet article soit trop long, je vais essayer d’aller assez vite sur notre programme aux petits oignons préparé par Nike.

On a commencé par un talk à la boutique Nike animé par le docteur Paul Schmidt-Hellinger, spécialisé en préparation physique et course à pied. Il nous a rappelé et appris des choses importantes et intéressantes sur le marathon et les quelques jours d’avant course.

Ses conseils : bien dormir le vendredi soir, attention à bien se reposer et à ne pas trop marcher le samedi, boire beaucoup d’eau, ne pas partir trop vite sur le marathon, et attendre le deuxième semi-marathon pour accélérer, s’alimenter dès le début de la course pour laisser à son corps le temps d’assimiler les ravitaillements et les transformer en énergie.

Après ce petit talk plein de bon sens, nous avons eu le droit à un cours de respiration. Allongés sur le dos, nous devions garder un rythme de respiration profond pendant 45 minutes. Bon, je suis super nulle, je n’ai pas réussi à rester concentrée, je me suis endormie plusieurs fois.

Une fois la séance terminée, retour à l’hôtel. Je découvre ma superbe chambre qui donne sur le parc du Zoo, c’est très apaisant. Sur mon lit, je trouve un beau colis Nike, avec une paire de Vaporfly Next% rose, et des vêtements. On est pourri gâté, et je suis trop contente !

Le diner est prévu tôt : 18h30 ! Parfait pour pouvoir se coucher tôt. Nous allons dans un petit resto à un kilomètre de l’hôtel. Au menu : soupe de carottes en entrée, risotto à la betterave en plat et mousse au chocolat en désert. Un régal.

Les conseils nutrition Dr Paul

  • Pas de fibre ni de gras à partir du vendredi midi
  • Boire beaucoup d’eau
  • Manger des glucides (féculents et sucre)
  • Pain blanc + miel + café pour le petit-déjeuner, au moins 3 heures avant la course
  • Essayer de manger environs 3000 calories le samedi pour faire des réserves, surtout le matin et le midi, et manger normalement le soir pour avoir le temps de digérer

20h30, nous sommes rentré à l’hôtel. Je pensais pouvoir m’endormir tôt, mais j’ai du mal à trouver le sommeil. Je lis, je téléphone, je geek, et je finis par sombrer vers 23h.

H-24

Samedi matin, nous avons rendez-vous à 10h pour le shake-out run collectif. Je me lève vers 8h pour aller prendre mon petit-déjeuner. Je me mets dans le bain : tartines de pain blanc, avec du beurre et du miel, et un café latte. Je me prépare et retrouve le groupe pour le run. J’ai 30 minutes à faire, et après 10 minutes, je pars de mon côté pour avancer à mon rythme. Il faut beau et bon, je me sens bien, mes nouvelles Next% répondent bien. J’ai hâte d’être demain.

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H- plus beaucoup ! Petit shake out de 30 minutes pour dérouler les jambes. Demain matin, on passera ici quelques mètres après le départ 🔥 J’ai du mal à réaliser que dans quelques heures, je prendrai le départ de mon 3eme marathon (4 si on compte celui du Médoc 🍷). On en parle tellement naturellement dernièrement, un peu comme si un marathon, c’était normal, la suite logique du semi. Personnellement, je ne trouve pas. Peu importe combien de semi-marathons on a pu courir (+ d’une vingtaine pour moi), le marathon est et restera quelque chose de particulier, d’extraordinaire. Après 30KM, on repousse les limites de son corps. Il ne faut pas le minimiser, il y aura toujours une part d’imprévu, même en étant super préparée. Et c’est ce qui rend le marathon si spécial ✨ . #Berlin42 #nikerunning #viensmattraper #createyourmove✨

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Nous allons ensuite déjeuner, et là, on nous conseille en quelques mots l’orgie. Il faut manger, manger, manger. Dr Paul, qui est toujours là, nous explique qu’il faut faire des réserves, et manger entre 2000 et 3000 calories sur la journée. Mais pas n’importe quelles calories : toujours des glucides, sucres lents et sucres rapides, sans gras ni fibre. Et boire beaucoup d’eau. Ce n’est pas facile, car je n’ai pas vraiment d’appétit.

Ensuite, nous allons à la boutique où plusieurs ateliers sont organisés, pour nous mettre dans les meilleures conditions possibles. Massages, conseils nutritions, étirements etc. Je ne vais pas rentrer dans les détails, car je n’ai pas été vraiment en phase avec certains conseils reçus, mais j’ai quand même appris qu’il fallait au moins une trentaine de minutes au corps pour transformer un gel en énergie. Attendre donc le semi-marathon pour prendre son premier gel, c’est stupide, tout comme en prendre à trois kilomètres de l’arrivée. Il faut anticiper au maximum.

Une fois les ateliers terminés, nous sommes allés chercher nos dossards. On ne s’est vraiment pas attardés sur le salon, que j’ai trouvé assez mal fait, même si il est impressionnant dans cet ancien aéroport. Il faut beaucoup marcher pour aller récupérer son dossard, et moi, j’en avais marre, j’avais juste envie de me poser. Dossard en poche, retour à l’hôtel pour une petite heure de break avant le diner.

J’en profite pour préparer ma tenue du lendemain. Je choisis le short reçu la veille, le AeroSwift (je ne le retrouve pas sur les internets), ma brassière fétiche, mon nouveau croptop floqué VMA (celui-ci en noir), une culotte Airism Uniqlo, une paire de chaussettes Nike, et des manchons pour me couvrir les bras si il fait froid (qui ressemblaient à ça, mais c’était pas ceux-là). Aux pieds, mes nouvelles Next% roses, avec mes semelles orthopédiques dedans. J’ai aussi un tour de cou Polar pour me couvrir au début. Et pour les gels, je pars avec 5 gels : 1 Maurten, et 4 OverStims, que je range dans une banane sans marque.

Dernier diner dans une super restaurant privatisé pour nous. Au menu, risotto en entrée, pates en plats. Un banana split était prévu en dessert (et validé par Dr Paul), mais j’ai préféré faire l’impasse. Je suis KO, un peu tendue car stressée pour le lendemain, et j’ai vraiment hâte d’être seule dans ma chambre.

20h30, je suis rentrée. Et alors que je pensais être seule demain sur le parcours, j’apprends que mon papa a profité d’un roadtrip en Allemagne pour faire une escale à Berlin, et que mon amoureux est en train de décoller de Roissy pour me rejoindre. Je suis aux anges, j’ai vraiment des proches incroyables. Je m’endors en attendant Vincent, qui arrivera vers 23h.

D-DAY – le marathon

On y est. 6h, le réveil sonne ! Je me lève sans réveiller Vincent, et je pars prendre mon petit-déjeuner, trois heures avant le départ. Même rengaine : tartines de pain blanc, avec du beurre et du miel, et un café latte. De retour dans ma chambre, je me recouche une trentaine de minutes sans réussir à dormir. 7h30, un passage aux toilettes, une douche, des tresses, et je m’habille. Un dernier bisou à Vincent qui me donne rendez-vous au KM10 pour des encouragements. Nous partons avec la team Nike vers 8h de l’hôtel pour aller en métro vers le départ.

H-1

8h20, nous sommes dans la zone de départ. Je donne mes affaires à Anaïse, et je quitte le groupe. Objectif : pause pipi, trouver mon sas, et m’échauffer un peu. Mon départ est vers 9h15. C’est un peu le bazar, mais c’est plutôt bien indiqué. Il y a pas mal de toilettes, mais les queues sont hyper longues. Et là, classique injustice : ces messieurs ont des pissotières qui leur sont naturellement réservées un peu partout, tandis que nous, femmes, nous devons partager nos toilettes classiques avec les mecs qui ont envie de faire caca. Donc deux fois plus de monde. À quand des toilettes juste pour nous ? J’attends impatiemment mon tour, mais la queue n’avance pas et l’heure tourne. Je décide d’abandonner, et me dirige vers mon sas. Mon départ est dans 15 minutes. Sur le chemin, je trouve une zone de buisson, et je décide que moi aussi j’ai le droit de faire pipi dans la nature, et tant pis si on voit mes fesses. Ça va mieux. Je me remets en chemin, et là c’est un peu la guerre pour accéder au sas. On est entassé comme des sardines et il faut escalader les barrières pour y rentrer. Mais les gens sont calmes et bienveillants, et tout le monde se serre pour faire de la place.

9h, les élites partent. C’est bientôt à nous. Je prends mon gel Maurten, boit une dernière gorgée d’eau, lance la recherche GPS de ma montre, et attend le départ, en m’imprégnant de l’ambiance. Je me sens bien, je sens que je suis à la bonne place.

KM1-11 :

Le départ est donné. C’est parti, je me lance pour mon 4ème marathon. J’ai une stratégie de course bien rodée : être super régulière et en garder sous le pied pour ne jamais être en difficulté. Je connais mon allure, je l’ai travaillé de nombreuses fois. J’ai prévu de courir à une allure comprise entre 4’30 – jamais plus rapide – et 4’35/KM – pas plus lent le plus longtemps possible.

J’ai décidé de mon objectif le matin : j’ai envie de faire entre 3h13 et 3h15. J’ai découpé ma course en bloc de 5KM, comme à Lille, suivant la méthode de ma copine Marie. Ce qui veut dire que je dois faire chaque bloc de 5KM entre 22’30 et 22’55.

Le début de course bouchonne un peu, mais cela me force à ne pas partir trop vite. Il y a un peu de soleil, c’est calme, je me sens bien. Tellement bien que j’oublie de passer le premier tour de 5KM sur ma montre. Ce n’est pas grave, je le passerai au panneau du 6. Premier ravitaillement, je bois un peu d’eau. KM6, je passe donc un tour, en 27’14 à ma montre, ce qui est parfaitement dans mes plans. Allez, un bloc sur huit. Plus que sept.

Je sais que Vincent et mon père m’attendent au KM10, alors je les guette. Heureusement, il n’y a pas trop de monde, et j’entends Vincent dire « elle est là » ! Je suis super heureuse de les voir, on se sert fort la main, et je repars, grand sourire, sous leurs encouragements. Je suis émue aussi, forcément. Vincent me dit en criant : « reste patiente ! ». Prochain rendez-vous au semi ! Je passe le KM10 en 45’07, avec une moyenne de pile 4’30/KM. Il ne faut pas que je sois plus rapide, je risquerais de le payer plus tard. Je suis bien. Je prends mon premier gel Overstims, comme prévu.

KM11, je passe un nouveau tour de 5KM, pour vérifier que je suis toujours bien avec mes blocs : 22’22, un poil trop rapide. Je sais que je ne dois pas m’emballer avant le semi, car tout se joue après. Deux blocs sur huit. Plus que six.

KM12-21 : rester patiente

Je continue ma petite balade. Je bois quelques gorgées d’eau à chaque ravitaillement proposés, soit environ tous les quatre kilomètres je crois. Mes souvenirs sont assez flous, mais je sais que je vise le KM20 et le semi, déjà pour voir mon père et Vincent, et ensuite car je sais que c’est là que la course va vraiment commencer. J’ai envie de savoir ce que je vaux après.

KM16, je repasse un tour à ma montre : 22’51. Plus que cinq blocs. Ça passe vite. J’ai un peu ralenti, mais ce n’est pas plus mal. Je suis dans les temps, sans que cela me demande d’effort, tout va bien. KM20, je commence à guetter. Je vois Vincent sur le côté qui vient courir quelques mètres avec moi. Je lui demande si il reste, il me répond que non, je suis grande, et que je vais y arriver toute seule. Il me dit aussi que c’est super ce que je fais, que je suis super forte. Et que mon père m’attend juste après.

Je passe un nouveau tour de 5KM, 22’54, je suis toujours régulière. La moitié. Mon papa est là, un grand sourire, des mots d’amour, ça me booste pour la suite. Je passe le semi-marathon en 1h35’49, soit une moyenne de 4’32/KM.

KM22-32 : c’est quand le mur ?

C’est là que tout commence. Enfin pas vraiment. Je me dis que tout commencera au KM30. Pour le moment, je connais encore la distance. Je prends mon deuxième gel, et toujours de l’eau aux ravitos. Et surtout, en passant le KM22, je réalise qu’à partir de maintenant, le décompte est lancé. Plus que 20 kilomètres. Je connais, 20 kilomètres. À chaque nouveau kilomètre passé, je compte. Plus que 19, plus que 18, plus que 17… Et comme je suis en forme, cela me fait énormément bien, car ces distances ne me font pas peur.

J’oublie encore de passer un tour au KM26. Pas grave, j’attends le 27, et comme cela, il me restera trois blocs de 5 tout pile. KM27, je passe le 5ème tour, 27’23, toujours pile dans l’allure. Cela m’encourage : cela fait 27 kilomètres que je cours à la même allure, sans difficulté. Plus que 15 kilomètres.

Je crois qu’il commence à pleuvoir à ce moment ? Ou avant ? J’avoue ne plus vraiment me souvenir de ce point là… Par contre je sais que vers le KM27, je ressens une vive douleur au genou gauche. Et m**** ! Mon TFL débarque sans prévenir, d’un coup. Je sais que c’est ça, je reconnais immédiatement cette douleur avec laquelle je cohabite depuis un an. Je m’y attendais un peu, mais pas si tôt dans la course. Cependant, même si je le sens bien, je décide que cette fois-ci, cela ne m’arrêtera pas. La douleur est là, mais elle ne m’oblige pas à modifier ma foulée, et ne me fait pas ralentir. Je ne pourrais pas dire si elle est moins forte qu’à New-York ou si j’ai un mental plus fort cette année, mais je me promets à moi-même de continuer tant que c’est possible. Je suis trop bien partie pour arrêter maintenant. Alors je sers les dents, essaye de penser à autre chose et je continue. Prochain objectif, le KM30, barrière symbolique.

Sans ralentir, je passe le 30ème kilomètres, après 2h16’25 de course, toujours avec une moyenne de 4’32/KM. Je suis hyper régulière. Mon papa et Vincent devraient être là, je les cherche. Mais je ne les trouve pas. Petit coup au moral, mais je me dis qu’ils doivent être plus loin. 31 kilomètres, déjà. Cette course passe si vite. À partir de là, je suis dans l’inconnu, car même si j’ai déjà couru des marathons, je n’ai jamais réussi à passer 30 kilomètres en étant autant en forme. J’attends le coup du mur à chaque tournant de rue. Quand est-ce que je vais le ressentir ? Mon genou me fait toujours mal, mais mon corps supporte la douleur, et je continue d’avancer à un bon rythme. KM32, je passe un nouveau tour de 5 kilomètres : 22’50. Je suis toujours parfaitement régulière, et ça me fait beaucoup de bien au moral. Mais je reste vigilante, car tout peu encore basculer. Je prends mon dernier gel, bois un peu d’eau, et me prépare mentalement pour les 10 derniers kilomètres.

KM33-38 : l’arrêt technique

J’avance prudemment mais surement. Je décide de sauter un ravito en eau sur deux, car je sens que j’ai le ventre qui commence à être un peu trop plein, et je veux éviter de sentir l’eau s’y balader. Je continue mon décompte. Plus que 9. C’est assez fou, je réalise que la fin est proche. Je ne regarde pas vraiment mon chrono, je laisse mon corps continuer en pilote automatique, comme depuis le début. Je remercie Vincent pour toutes les séances d’allure qu’il m’a fait faire. Je suis concentrée, je continue d’écouter mon corps, et je suis à l’affut du moindre signe de faiblesse. Mais pour le moment, tout va bien. Je me suis souvent répété cela pendant la course : jusqu’ici, tout va bien. Même si j’ai envie de faire moins de 3h15, je n’ai aucune idée de mon temps total de course, ni si je suis dans les temps ou pas. Mais ce n’es pas ce qui m’importe, pour le moment, j’avance, et on verra après. 34, 35, il commence à vraiment beaucoup pleuvoir. Mais les supporters sont-là, et cela fait chaud au coeur. Je passe le 35ème kilomètre en 2h39’28, allure moyenne 4’33/KM.

KM36, je commence à avoir très mal au ventre. Je crois que j’ai envie d’aller aux toilettes, et pas pour la petite commission. J’attends un peu pour voir si c’est juste psychologique ou si j’ai vraiment besoin. Le stress m’envahit, il faut que je trouve des toilettes. Cela devient mon obsession. Je guette les cafés, restaurants, me demandant où est ce que je vais bien pouvoir m’arrêter. Et en même temps, je suis dégoutée, car je me dis que je vais perdre du temps. Je suis obligée de ralentir un peu. Je vois des bénévoles sur le côté, je leur demande si ils savent où je peux trouver des toilettes. Ils ne savent pas, je repars. Je crois savoir qu’il y en a à tous les ravitos, alors je continue jusqu’au prochain. Je vois deux cabines, sauvée ! Mince, les deux sont fermées ! Une bénévole m’indique qu’il y en a plusieurs à quelques mètres. Je repars, et trouve enfin un toilette libre. L’arrêt au stand sera très rapide – c’était urgent, mais plus que nécessaire. Ouf, je me sens plus légère, je peux repartir. On est au KM37, j’ai perdu un peu plus d’une minute, mais au moins, je peux continuer ma course plus sereinement.

Entre le KM37 et 38, je retrouve la cheerzone Nike running, et vois Anaïse qui me hurle dessus d’encouragement. Je prends toute son énergie pour la fin. J’en ai besoin, car j’ai du mal à retrouver mon rythme, je sens que j’arrive au bout de mes réserves, et contrairement à tout le reste de la course, maintenir l’allure me demande vraiment des efforts. Je sers les dents, les points, et j’avance, un pas après l’autre.

Avec cette histoire, j’ai encore oublié de passer un tour de 5 kilomètres au 37ème. Je le fais au 38ème : 30’05 pour 6 kilomètres. J’ai perdu un peu de temps, mais tant pis.

KM39-42,195 : bientôt la fin

Je passe le KM39, et réalise alors qu’il ne reste plus que 3 kilomètres et des brouettes. J’ai franchement ralenti, je tourne à environ 4’50/KM, mais j’ai du mal à accélérer, et à vrai dire, je m’en moque un peu, je veux juste arriver. La fin est longue. On est dans une immense avenue, très large, et très vide. Il pleut à torrent, il y a des flaques partout, et plus personne pour nous encourager. On avance tous péniblement. Je passe le KM40 en 3h05’34, soit une moyenne de 4,38/KM sur le total de la course. Plus que 2. Allez Mathilde, c’est fini, tu vas arriver jusqu’au bout. Cette ligne droite n’en fini pas, et c’est la première fois depuis le départ que j’en ai vraiment marre.

KM41, j’aperçois Vincent, trempé jusqu’aux os, qui m’attendait à l’angle. Quand il me voit, il commence à me crier plein d’encouragements : « allez, plus que 1 kilomètre, tu relances, c’est fini, allez allez ». Il me suit ne courant de l’autre côté de la foule, je l’entends me hurler dessus, et ça me donne le courage d’accélérer un peu pour la fin. Quelques virages s’enchainent, et on arrive sur la porte de Brandebourg. Enfin. Je rassemble mes dernières forces pour les 500 derniers mètres. Plus que 400, plus que 200. Je passe le panneau 42 à pile 3h15 à ma montre. Un mini pincement au coeur, je ne serai pas en dessous. Je donne « tout » sur les derniers 195 mètres, et passe l’arrivée avec un énorme soulagement et beaucoup beaucoup d’émotion. Peu importe le chrono, cette course a été incroyable. Je suis marathonienne pour le quatrième fois. Je suis très très fière de moi, même si je ne réalise toujours pas très bien ce qu’il vient de se passer.

J’apprendrais plus tard mon temps officiel : 3h15’51. Vincent dit que tant que ce n’est pas 3h16, on dit 3h15. Et que donc l’objectif est rempli. Et je suis d’accord pour le croire.

Et après ?

Dimanche après-midi

Après, il faut rentrer. Il pleut vraiment, et j’ai froid. C’est tout gris, et l’ambiance à l’arrivée n’est pas très festive. Je récupère une couverture en plastique pour me couvrir, ma belle médaille, puis je marche pour sortir de la zone d’arrivée. Je suis sur mon petit nuage, mais sans personne pour célébrer. Je ne sais pas où sont Vincent et mon papa. Je vais au point « rendez-vous des familles », en me disant qu’ils sont peut-être là. Personne. Je demande à un monsieur allemand de me prêter son portable, et j’appelle mon père. Il décroche, on est hyper ému, et me dit qu’il est désolé, qu’il m’a raté au 38ème, et qu’il m’attend à mon hôtel. Il ne sait pas où est Vincent, mais il va l’appeler, pour qu’on s’y retrouve tous. Bon, au moins, on a un point de ralliement. Maintenant, il faut que je trouve comment rentrer. Je demande à des filles quel métro je dois prendre, et je les suis. Après un changement et un peu de marche, j’arrive enfin au chaud. Mon papa m’y attend, on se tombe dans les bras, se fait un gros calin. Je peux enfin partager ma joie et ma fierté. J’ai vraiment le meilleur papa du monde. Il me dit que j’ai raté Vincent, qui devait déjà repartir pour prendre son avion. Il avait pris ses billets à la dernière minute, et le vol de 14H30 était le seul avec un prix raisonnable. J’ai aussi le meilleur amoureux du monde.

J’appelle ma maman et mes soeurs, qui me suivaient avec l’appli et avec les updates de mon papa. Lui aussi doit repartir, alors on se fait un dernier gros calin. Je rentre dans ma chambre, et je découvre sur mon portable laissé à l’hôtel les centaines de messages d’encouragement, les copains qui me suivaient de loin, les partages, etc. Cela me fait tellement plaisir. Après une bonne douche chaude, je retrouve Anaïse pour aller déjeuner et boire une bière bien méritée. Enfin. Après une petite sieste, c’est déjà l’heure de repartir. J’ai hâte de rentrer à Paris pour retrouver Vincent. À l’arrivée à Roissy, ma maman et ma soeur Jeanne m’ont fait la surprise de venir me chercher. Je suis vraiment très reconnaissante d’avoir une famille et des proches qui me soutiennent autant.

Les jours d’après

J’ai eu la bonne idée de prendre mon lundi. De toute façon, je peux difficilement marcher : si mes jambes se remettent assez vite, j’ai très mal au genou, et peut difficilement plier la jambes. J’espère que cela va s’atténuer au fil des jours. La semaine qui a suivit a été une succession de diners et apéros festifs : j’avais pas mal de choses à rattraper.

Côté sport, j’attends une bonne semaine avant de me tester sur quelques kilomètres. Les signes sont plutôt positifs. Je recommence à courir à partir de quinze jours, et pour le moment, un mois après, tout se passe bien. Croisons les doigts pour que cela continue comme cela.

Les Next%, chaussures magiques ?

Grand débat, certains parleraient même de triche. Je doute qu’une chaussure puisse permettre de tricher, mais je dois dire que cette paire est quand même sacrément incroyable. Déjà testées sur le semi-marathon de Lille, j’avais été bluffée par leur confort et leur énergie. Même chose sur le marathon : aucune douleur ni au dos, ni au pied, et ce jusqu’à la fin. Elles m’ont littéralement portée pendant la course. Le fait qu’elles soient tout en plastique fait que même trempées, elles ne s’alourdissent pas. Vraiment, je valide ces bijoux pour des compétitions, elles ont ce petit truc qui fait que tout devient plus facile. Bon, il faut aussi dire que j’étais particulièrement bien préparée. La chaussure ne fait pas tout.

Le mot de la fin

Berlin, c’était mon objectif surprise de 2019. Avant le mois de juillet, je ne savais pas que j’aurais la chance de courir mon deuxième major marathon. Alors merci encore mille fois à Nike pour cette superbe opportunité.

Ensuite, je pense que j’ai encore beaucoup appris pendant cette prépa. J’ai repoussé mes limites, j’ai fait tomber des barrières, j’ai appris à courir deux fois par jour, j’ai presque atteint les 100 kilomètres hebdomadaires sur une semaine de boulot, j’ai compris que le sommeil était très important, et que l’alimentation jouait un sacré rôle. J’ai optimisé beaucoup de facteurs, mais je sais que pour le prochain, il faudra aller encore plus loin. Et j’ai déjà hâte. Mais pour le moment, je me concentre sur des plus petites distances, histoire de continuer de travailler ma vitesse. Car j’aime me dire que l’année prochaine, je peux viser 3h10.

Merci à tous ceux qui m’ont soutenue dans cette prépa exigeante. Mon coach et amoureux, qui était en première ligne sur tous les tableaux. Mon papa, ma maman, Jeanne et Alma, mon grand-père, « qui savait que j’allais courir vite, mais pas aussi vite ». Mes tantes, mon oncle et mes cousines qui sont venus me voir courir à Vannes. Mes super copains d’entrainement VMA, et plus particulièrement Nao, Raph et Marie. Mon meilleur copain Charly. Mes copines de longue date Manu, Elise, Mel, Carole, Élise, Cam, Astrid et Margaux que je n’ai pas beaucoup vues pendant ma prépa. Mathieu, qui m’a préparé des séances de renfo aux petits oignons. Ester, amie et kiné qui s’est occupée de mes petits bobos. Urban qui m’a offert des massages hebdos pour booster ma récup. Et puis merci à vous tous qui m’accompagnez dans mes aventures et m’envoyez à chaque fois beaucoup d’ondes positives.

J’espère que cet article vous aura plu. Il est long, comme ma prépa marathon, mais j’avais beaucoup de chose à vous raconter. J’ai répondu à beaucoup de questions sur Instagram, mais si vous en avez d’autres, alors n’hésitez pas à les poser en commentaire.

Vous pouvez aussi retrouver tous les articles sur la prépa ici :
Marathon de Berlin 2019 : prépa surprise !
Road to Berlin : semaines 5-6-7-8
Road to Berlin : les 3 dernières semaines de prépa

À très vite,
Mathilde

Comments

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  1. Ludovic Fleche

    Super ce compte rendu. A la fois la semaine avant course avec les conseils et la préparation et le déroulé de la course. Un grand bravo pour ta course.

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  2. Florie

    Merci pour ce superbe compte-rendu, rempli de réalité et même d’émotion!
    Merci aussi pour tes tips, tes mots, qui nous motivent aussi.. à nous, tes lecteurs.

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